Différentiel 30 mA : guide complet norme et installation

Un différentiel 30 mA (ou interrupteur différentiel 30 mA) protège les personnes contre les électrocutions en détectant les fuites de courant et en coupant le circuit instantanément. La norme NF C 15-100 impose au minimum deux dispositifs différentiels à courant résiduel (DDR) dans tout logement, avec un maximum de huit circuits par DDR. Le type A s’impose pour les plaques de cuisson, lave-linge et bornes de recharge véhicule électrique, le type AC couvre les circuits standards.

Différentiel 30 mA : rôle et principe de protection des personnes

Détection des fuites de courant

Le différentiel 30 mA mesure en permanence la différence entre le courant entrant (phase) et le courant sortant (neutre) dans les circuits protégés. En fonctionnement normal, ces deux courants sont strictement égaux. Lorsqu’une fuite de courant apparaît (contact accidentel d’une personne avec une partie sous tension, défaut d’isolement d’un appareil), une partie du courant s’écoule vers la terre sans repasser par le neutre. Le différentiel détecte cette différence et coupe le circuit en quelques millisecondes.

Seuil de haute sensibilité et protection des personnes

Le seuil de 30 mA (milliampères) correspond à la limite de sécurité pour la protection des personnes. Au-delà de 30 mA, un courant traversant le corps humain provoque des effets physiologiques graves (tétanisation musculaire, fibrillation ventriculaire). En coupant le circuit dès que la fuite atteint 30 mA, le différentiel haute sensibilité empêche l’électrocution avant que le courant ne devienne mortel.

Complémentarité avec les disjoncteurs divisionnaires

Le différentiel ne remplace pas les disjoncteurs divisionnaires placés sur chaque circuit. Les disjoncteurs protègent contre les surcharges et les courts-circuits (protection des installations et prévention des incendies), tandis que le différentiel protège contre les défauts d’isolement (protection des personnes). Un tableau électrique conforme associe systématiquement ces deux protections.

Où la norme impose le 30 mA en habitation (NF C 15-100)

Obligation générale dans le logement

La norme NF C 15-100 exige que tous les circuits d’un logement soient protégés par au moins un dispositif différentiel à courant résiduel de 30 mA maximum. Cette règle s’applique à l’ensemble de l’installation électrique domestique : prises de courant, éclairage, circuits spécialisés (four, lave-vaisselle, plaques), chauffage électrique, volets roulants.

Minimum deux DDR par logement

Tout logement doit comporter au minimum deux interrupteurs différentiels 30 mA pour répartir les circuits et garantir une continuité de service en cas de déclenchement de l’un d’eux. Si un différentiel se déclenche (suite à un défaut sur un appareil par exemple), seule une partie de l’installation est coupée, l’autre partie reste alimentée.

Maximum huit circuits par différentiel

Chaque interrupteur différentiel 30 mA protège au maximum huit circuits (ou départs) en aval. Cette limitation évite les déclenchements intempestifs liés au cumul des courants de fuite naturels des circuits et des appareils connectés. Un logement standard nécessite donc plusieurs différentiels pour couvrir l’ensemble des circuits.

Cas des installations importantes

Dans les grandes habitations ou les logements équipés de nombreux circuits (maisons de plus de 100 m², installations domotiques étendues, pompes à chaleur, systèmes de ventilation), le nombre de différentiels augmente proportionnellement. La règle des huit circuits maximum par DDR et la nécessité de répartir les circuits par usage (chambres, cuisine, extérieur) orientent le dimensionnement du tableau électrique.

Type A, AC, F ou B : comment choisir le bon différentiel ⚡

Type AC : circuits standards

Le différentiel de type AC détecte les défauts d’isolement à composante alternative sinusoïdale (courant alternatif pur). Il convient aux circuits simples : éclairage, prises de courant standard, circuits de chauffage non-électroniques. Le type AC représente le minimum normatif pour les circuits ne nécessitant pas de type supérieur.

Type A : obligatoire pour certains circuits

Le différentiel de type A détecte les défauts à composante alternative ainsi que les défauts à composante continue pulsée (générés par les appareils électroniques de puissance). La norme NF C 15-100 impose le type A pour trois catégories de circuits : plaques de cuisson et cuisinières électriques, lave-linge et sèche-linge, bornes de recharge pour véhicules électriques (IRVE). Ces appareils comportent des composants électroniques (variateurs, redresseurs) produisant des courants de fuite atypiques que le type AC ne détecte pas toujours correctement.

Type F : électronique sensible et variation

Le différentiel de type F (ou type A renforcé) détecte les défauts à composante continue lissée et offre une immunité renforcée contre les déclenchements intempestifs. Il convient aux circuits alimentant des variateurs de lumière, des appareils électroniques sensibles (informatique, domotique), des onduleurs ou des installations photovoltaïques. Le type F n’est pas obligatoire en habitation mais recommandé pour les installations comportant de nombreux équipements électroniques.

Type B : courants continus lisses

Le différentiel de type B détecte tous les types de défauts, y compris les courants de défaut continus lisses. Il s’impose dans les installations industrielles ou tertiaires comportant des variateurs de vitesse, des alimentations à découpage de forte puissance, certaines bornes de recharge rapide pour véhicules électriques ou des installations photovoltaïques importantes. En logement individuel, le type B reste exceptionnel.

Répartition recommandée dans un logement

Un logement standard comporte au minimum un différentiel type A (pour plaques, lave-linge et IRVE) et un ou plusieurs différentiels type AC (pour les autres circuits). Les installations équipées de domotique, variateurs ou onduleurs gagnent à intégrer un différentiel type F pour limiter les déclenchements intempestifs.

Salle de bains : volumes 0/1/2 et protection 30 mA

Volumes de sécurité normalisés

La norme NF C 15-100 définit quatre volumes de sécurité dans les salles de bains et salles d’eau, en fonction de la proximité de l’eau et des risques d’électrocution. Le volume 0 correspond à l’intérieur de la baignoire ou du receveur de douche. Le volume 1 entoure verticalement le volume 0 jusqu’à 2,25 m de hauteur. Le volume 2 s’étend à 60 cm autour du volume 1, également jusqu’à 2,25 m de hauteur. Au-delà de ces volumes, on parle de zone hors volume.

Interdictions et autorisations selon les volumes

Le volume 0 interdit tout appareil électrique sauf matériel de très basse tension (12 V protégé). Le volume 1 autorise uniquement les chauffe-eau instantanés et les luminaires de classe II (double isolation). Le volume 2 accepte les appareils de classe II (luminaires, sèche-serviettes, prises rasoir) protégés obligatoirement par un différentiel 30 mA. La zone hors volume n’impose aucune contrainte particulière au-delà des règles générales de l’installation.

Classe II et protection 30 mA en volume 2

Tout appareil installé en volume 2 (luminaires, prises de courant, sèche-serviettes électrique) doit être de classe II (double isolation, symbole carré dans un carré) et protégé par un interrupteur différentiel 30 mA. Cette double exigence garantit que même en cas de défaut d’isolement interne à l’appareil, le différentiel coupe le circuit avant tout risque pour l’utilisateur.

Évolution de la norme et disparition du volume 3

Les versions récentes de la norme NF C 15-100 ont supprimé l’ancien volume 3 (au-delà de 60 cm du volume 2). Les zones situées au-delà du volume 2 sont désormais considérées comme hors volume, soumises aux règles générales de l’habitation. Cette simplification clarifie les contraintes d’installation sans réduire le niveau de sécurité.

Calibre et répartition : combien de circuits par différentiel ?

Calibre du différentiel en ampères

Le calibre d’un interrupteur différentiel (25 A, 40 A, 63 A) indique le courant maximal qu’il peut supporter en fonctionnement permanent. Ce calibre doit être supérieur ou égal à la somme des courants des disjoncteurs divisionnaires placés en aval. Un différentiel 40 A protège typiquement des circuits dont les disjoncteurs totalisent 40 A maximum (exemple : 5 circuits de 16 A, ou 3 circuits de 20 A et 2 circuits de 10 A).

Règle des huit circuits maximum

Indépendamment du calibre en ampères, la norme limite à huit le nombre de circuits (ou départs) protégés par un même différentiel 30 mA. Cette règle vise à éviter le cumul des courants de fuite naturels de chaque circuit et de chaque appareil connecté, qui pourrait provoquer des déclenchements intempestifs même en l’absence de défaut réel.

Équilibrage entre les différentiels

Répartir équitablement les circuits entre les différentiels améliore la continuité de service et facilite le repérage en cas de panne. Une répartition logique consiste à séparer les circuits par zone géographique (rez-de-chaussée / étage) ou par usage (éclairage-prises / gros électroménager / chauffage). Cette organisation limite les conséquences d’un déclenchement.

Dimensionnement en rénovation ou extension

Lors d’une rénovation ou d’une extension, vérifier que le nombre de circuits par différentiel ne dépasse pas huit. Si l’ajout de circuits supplémentaires excède cette limite, installer un nouveau différentiel. Respecter également la règle du minimum deux différentiels par logement, même dans les petites surfaces.

Tester un différentiel : bouton T, fréquence et dépannage

Fonction du bouton test

Chaque interrupteur différentiel comporte un bouton test (marqué T ou TEST) permettant de vérifier son bon fonctionnement. Appuyer sur ce bouton crée artificiellement une fuite de courant de 30 mA. Si le différentiel fonctionne correctement, il se déclenche immédiatement et coupe l’alimentation des circuits protégés. Le levier du différentiel bascule en position basse ou intermédiaire.

Fréquence recommandée des tests

Les fabricants recommandent de tester chaque différentiel tous les mois. La norme et les organismes de prévention (Promotelec) préconisent au minimum un test tous les six mois. Ce contrôle régulier garantit que le mécanisme de détection et de coupure reste opérationnel. Inscrire les dates de test sur un carnet d’entretien ou sur le tableau électrique facilite le suivi.

Procédure de test

Appuyer sur le bouton test du différentiel. Le levier doit se déclencher instantanément. Remettre le levier en position haute (armée) pour rétablir l’alimentation des circuits. Si le différentiel ne se déclenche pas lors de l’appui sur le bouton test, il est défectueux et doit être remplacé immédiatement par un électricien qualifié.

Déclenchements intempestifs : causes et solutions

Un différentiel qui se déclenche fréquemment sans cause apparente signale soit un défaut d’isolement réel sur un appareil ou un circuit, soit un cumul de courants de fuite naturels excessif, soit un différentiel vieillissant. Débrancher successivement les appareils et réarmer le différentiel permet d’identifier l’équipement défectueux. Si le différentiel se déclenche même sans charge, le remplacer.

Différentiel qui ne déclenche plus

Un différentiel qui ne se déclenche pas lors du test du bouton T ou qui ne coupe pas lors d’un défaut réel ne protège plus l’installation. Ce dysfonctionnement expose les occupants à un risque d’électrocution. Couper immédiatement l’alimentation générale et faire remplacer le différentiel par un professionnel avant toute remise sous tension.

Erreurs à éviter sur un différentiel 30 mA

Mauvais choix du type (AC au lieu de A)

Installer un différentiel type AC sur des circuits nécessitant un type A (plaques de cuisson, lave-linge, IRVE) compromet la sécurité. Les courants de défaut à composante continue pulsée générés par ces appareils ne déclenchent pas toujours un type AC. Respecter strictement les obligations normatives garantit la protection effective des personnes.

Surcharge de circuits par différentiel

Protéger plus de huit circuits avec un seul différentiel 30 mA provoque des déclenchements intempestifs dus au cumul des courants de fuite naturels. Cette erreur fréquente en rénovation ou lors d’extensions non conformes perturbe le fonctionnement de l’installation et masque les défauts réels.

Oubli du test régulier

Ne jamais tester les différentiels laisse un doute sur leur bon fonctionnement. Un différentiel défectueux ne protège plus l’installation mais reste en position armée, créant une illusion de sécurité. Le test mensuel ou semestriel détecte les défaillances avant qu’un accident ne survienne.

Confusion entre calibre du différentiel et calibres des disjoncteurs

Le calibre du différentiel (40 A par exemple) ne remplace pas les disjoncteurs divisionnaires en aval. Chaque circuit doit être protégé par un disjoncteur adapté à la section des câbles et aux appareils alimentés. Le différentiel assure uniquement la protection contre les défauts d’isolement, pas contre les surcharges.

Installation d’un seul différentiel

Protéger toute l’installation avec un seul différentiel (même de fort calibre) contrevient à la norme (minimum deux DDR) et pénalise la continuité de service. En cas de déclenchement, tout le logement se retrouve sans électricité. La multiplication des différentiels améliore la sécurité et le confort d’utilisation.

Tableau : choisir son différentiel selon circuits et obligations

Astuce mobile : passez l’écran à l’horizontal pour mieux voir le tableau.