Raccord cuivre PER : 3 solutions fiables, outillage et pose sans fuite

Relier un tuyau cuivre existant à un tube PER demande un raccord adapté, un insert rigide côté PER, et une étanchéité maîtrisée. Trois solutions s’offrent à vous : le raccord à sertir mixte pour la rapidité, le raccord à compression avec olive pour les installations apparentes, et le raccord fileté associé à un embout PER pour les reprises sur vannes ou collecteurs. Ce guide détaille le choix du raccord selon l’usage, l’outillage nécessaire, le pas-à-pas de pose avec insert PER obligatoire, l’étanchéité filetée (PTFE ou filasse uniquement sur les filets), les règles d’accessibilité et l’essai de pression avant fermeture.
Les 3 solutions fiables pour raccorder cuivre et PER (quand et pourquoi)
Raccord à sertir mixte cuivre-PER
Le raccord à sertir mixte combine un embout cuivre (à souder ou à sertir) et un embout PER dans un même corps de laiton. La pose nécessite une pince à sertir équipée de la mâchoire correspondant au profil du fabricant (TH, H, U ou autre). Cette solution garantit une étanchéité durable et convient aux chantiers de rénovation rapide ou aux réseaux neufs où la fiabilité prime.
Avantages : rapidité d’exécution, pas de risque de sur-serrage, étanchéité permanente sans resserrage ultérieur. Limites : investissement dans l’outillage (pince et mâchoires), profils propriétaires à respecter impérativement.
Raccord à compression (olive bicône)
Le raccord à compression ou raccord à olive relie le cuivre et le PER sans soudure ni sertissage. Il se compose d’un corps fileté, d’un écrou et d’une olive (bague bicône) qui se déforme au serrage pour assurer l’étanchéité par compression. Ce système convient particulièrement aux installations apparentes ou accessibles via gaine technique, où un éventuel resserrage reste possible.
Avantages : outillage minimal (clés plates), démontage possible, idéal pour dépannages ou extensions visibles. Limites : nécessite un accès permanent, déconseillé en encastrement sans boîte de visite, risque de desserrage si mal posé.
Raccord fileté avec embout PER
Cette solution utilise un raccord fileté mâle ou femelle (laiton) côté cuivre, vissé sur une vanne, un té ou un collecteur, puis prolongé par un embout PER (à compression ou à sertir). L’étanchéité se réalise sur le filetage par ruban PTFE ou filasse avec pâte à joint. On l’emploie pour reprendre une installation existante ou raccorder un appareil via un collecteur.
Avantages : polyvalence, adaptation à tous types de vannes ou collecteurs, étanchéité filetée éprouvée. Limites : nombre de pièces supérieur, étanchéité à maîtriser sur deux zones (filet + embout PER).
Diamètres, inserts et compatibilités : ne pas se tromper
Correspondances usuelles cuivre-PER
Les diamètres courants en cuivre (extérieurs) sont 12, 14 et 16 mm. Les tubes PER se trouvent principalement en Ø16×1,5 mm et Ø20×1,9 mm (extérieur × épaisseur). Pour un raccordement standard, on associe généralement :
- Cuivre 12 mm → PER 16 mm (lavabo, évier, WC)
- Cuivre 14 mm → PER 16 mm (douche, lave-linge)
- Cuivre 16 mm → PER 20 mm (colonnes, montées, débits élevés)
Ces correspondances restent indicatives. Adapter le diamètre en fonction du débit attendu, de la longueur de la ligne et des pertes de charge.
Insert PER : obligatoire et non négociable
Le PER étant un matériau souple, un insert rigide (laiton ou inox) doit impérativement être glissé à l’intérieur du tube avant tout serrage ou sertissage. Cet insert empêche l’écrasement du tube sous la pression de l’olive ou de la douille, maintient le passage d’eau à section constante et garantit l’étanchéité.
Mise en place : enfoncer l’insert jusqu’en butée dans le tube PER, marquer au feutre la profondeur d’emboîtement recommandée par le fabricant sur l’extérieur du tube, vérifier visuellement après montage que l’insert reste bien en place. Un insert mal positionné ou absent provoque une fuite immédiate ou différée.
Compatibilité des systèmes
Chaque fabricant certifie ses raccords pour des diamètres et des profils spécifiques. Ne jamais mélanger les marques de raccords et de pinces à sertir : un profil de mâchoire incompatible entraîne une déformation insuffisante ou excessive, source de fuite. Acheter les raccords et l’outillage du même système (ou vérifier la compatibilité croisée certifiée).
Pas-à-pas en fonction du type de raccord
Raccord à compression (olive bicône)
Préparation du cuivre : couper le tube cuivre au coupe-tube pour obtenir une coupe perpendiculaire, ébavurer l’intérieur et l’extérieur avec un ébavureur ou une lime douce, nettoyer les résidus avec un chiffon propre.
Préparation du PER : couper le tube PER à la longueur souhaitée avec un coupe-tube PER (ou un cutter bien affûté si coupe-tube indisponible), chanfreiner légèrement l’extrémité pour faciliter l’insertion de l’insert, enfoncer l’insert rigide jusqu’en butée, marquer la profondeur d’emboîtement sur le tube.
Montage : glisser l’écrou puis l’olive sur le tube cuivre (olive orientée biseaux vers l’écrou), insérer le tube cuivre dans le corps du raccord jusqu’en butée, visser l’écrou à la main puis au serrage progressif avec deux clés plates (une bloque le corps, l’autre serre l’écrou). Éviter le sur-serrage qui « noie » l’olive et crée une fuite.
Répéter l’opération côté PER : glisser écrou puis olive sur le PER (avec insert en place), emboîter dans le raccord jusqu’au repère, serrer progressivement. Contrôler visuellement que l’insert n’a pas reculé.
Test : ouvrir l’eau progressivement, vérifier l’étanchéité, resserrer légèrement si suintement (un quart de tour supplémentaire maximum).
Raccord à sertir mixte
Préparation : couper et ébavurer le cuivre, couper le PER et chanfreiner, insérer l’insert PER. Utiliser un calibreur pour rétablir la circularité du tube si nécessaire.
Sertissage côté cuivre : si le raccord prévoit un sertissage cuivre (et non une soudure), enfiler la douille de sertissage sur le tube cuivre, emboîter le cuivre dans le raccord jusqu’au repère de profondeur, positionner la mâchoire de la pince sur la douille, sertir en une seule pression complète. Vérifier la fenêtre de contrôle si le raccord en dispose.
Sertissage côté PER : enfiler la douille de sertissage sur le PER (avec insert en place), emboîter le PER dans le raccord jusqu’au repère, sertir avec la mâchoire adaptée au profil du fabricant. Contrôler que l’insert reste en butée.
Test : réaliser une épreuve de pression à 1,5 fois la pression de service (10 bars pendant une heure minimum) avant fermeture des parois. Inspecter chaque sertissage visuellement.
Raccord fileté avec embout PER
Préparation du filetage : nettoyer le filetage du raccord ou de la vanne, enrouler du ruban PTFE (téflon) dans le sens du vissage (sens horaire vu de face) en recouvrant les filets sur 2 à 3 tours, ou appliquer de la filasse (chanvre) enduite de pâte à joint sur les filets coniques uniquement.
Montage : visser le raccord fileté à la main puis serrer avec une clé, sans forcer excessivement. Un filetage correctement étanché avec PTFE ou filasse ne nécessite pas un serrage brutal.
Raccordement PER : côté embout PER du raccord, procéder comme pour un raccord à compression (insert, écrou, olive, serrage progressif) ou à sertir selon le type d’embout. L’étanchéité filetée et l’étanchéité de l’embout PER sont indépendantes : chacune doit être réalisée correctement.
Test : ouvrir l’eau, vérifier le filetage et l’embout PER séparément, resserrer si nécessaire.
Étanchéité : où mettre PTFE ou filasse et où ne pas en mettre
Sur les filetages uniquement
Le ruban PTFE (téflon) ou la filasse avec pâte à joint s’appliquent exclusivement sur les raccords filetés (mâle-femelle). Ces produits comblent les micro-jeux entre les filets et assurent l’étanchéité par déformation au serrage.
Règles d’application : enrouler le PTFE dans le sens du vissage (sens horaire vu de face) pour qu’il se plaque contre les filets lors du serrage, recouvrir les filets sur 2 à 3 tours sans excès, ne pas recouvrir le premier filet pour faciliter l’amorçage. La filasse se pose de la même manière, enduite de pâte à joint pour remplir les vides.
Jamais sur les olives ni les portées
Ne jamais appliquer de PTFE, filasse ou pâte à joint sur une olive de compression, une portée plane ou une zone de sertissage. L’étanchéité de ces systèmes repose sur la déformation contrôlée de l’olive ou de la douille contre le tube, et tout produit interposé empêche cette déformation ou crée des surépaisseurs sources de fuite.
Erreur fréquente : enduire l’olive de PTFE « pour renforcer l’étanchéité ». Cette pratique est non seulement inutile mais contre-productive : elle empêche l’olive de se déformer correctement et génère des fuites.
Accessibilité, encastrement et essai pression
Raccords visibles ou visitables
Tous les raccords à compression doivent rester accessibles pour permettre un resserrage éventuel ou un contrôle visuel périodique. Les installer en apparent, dans une gaine technique ouverte, ou derrière une trappe de visite démontable sans outil.
Les raccords à sertir tolèrent l’encastrement à condition d’avoir été testés en pression avant fermeture des parois. Même dans ce cas, privilégier les zones où une intervention reste techniquement possible (boîte de visite, faux-plafond démontable).
Règles d’encastrement
Si un raccord doit absolument être encastré dans une cloison, une dalle ou un doublage :
- Utiliser uniquement des raccords à sertir, jamais de compression.
- Placer le raccord dans une gaine continue pour le protéger et faciliter un éventuel remplacement.
- Prévoir une boîte de visite ou une trappe d’accès aux points stratégiques (collecteurs, vannes d’isolement, changements de direction).
- Marquer précisément le parcours des conduites sur les plans et les parois avant fermeture.
- Photographier l’installation complète avec cotes de repérage depuis les angles ou huisseries.
Essai de pression obligatoire
Avant de fermer les cloisons, dalles ou faux-plafonds, réaliser une épreuve de pression à 1,5 fois la pression de service du réseau (généralement 10 bars pour un réseau domestique). Maintenir cette pression pendant au moins une heure, surveiller le manomètre et inspecter visuellement chaque raccord.
Procédure : fermer tous les robinets en aval, raccorder le manomètre de test, mettre en pression avec une pompe manuelle ou le réseau, attendre une heure, vérifier la stabilité du manomètre. Une chute de pression révèle une fuite qu’il faut localiser et réparer immédiatement.
Répéter l’essai après avoir mis en service l’eau chaude : la dilatation thermique peut révéler des défauts non détectés en eau froide.
Tableau pratique : type de raccord → outils → usages → vigilance
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| Type de raccord | Outils requis | Où l’utiliser | Points de vigilance |
|---|---|---|---|
| Compression (olive bicône) | Clés plates, coupe-tube, ébavureur | Apparent / gaine visitable, dépannages | Insert PER obligatoire, serrage progressif sans excès |
| Sertir mixte cuivre-PER | Pince à sertir + mâchoire dédiée, calibreur/chanfrein | Rénovation rapide, réseaux neufs | Profil compatible fabricant, repère d’emboîtement |
| Fileté + embout PER | Clés, PTFE ou filasse + pâte | Liaison sur vannes/collecteurs/té | Étanchéité filetée seule (pas sur olive), double contrôle |
Erreurs fréquentes (check-list anti-fuite)
- Oublier l’insert PER : l’insert rigide est indispensable côté PER pour éviter l’écrasement du tube sous la pression de l’olive ou de la douille. Un tube PER sans insert fuit immédiatement ou se déforme en service.
- PTFE sur l’olive : ne jamais appliquer de ruban PTFE, filasse ou pâte à joint sur une olive de compression ou une portée plane. L’étanchéité repose sur la déformation de l’olive, et tout produit interposé empêche ce phénomène.
- Raccords non accessibles : encastrer un raccord à compression sans boîte de visite garantit des difficultés en cas de fuite différée. Privilégier les raccords à sertir pour l’encastrement, et toujours prévoir des trappes d’accès.
- Absence d’ébavurage : une bavure intérieure sur le cuivre ou le PER peut arracher le joint torique de l’insert ou endommager l’olive lors du montage. Ébavurer systématiquement avec un ébavureur dédié.
- Sur-serrage : serrer excessivement un raccord à compression « noie » l’olive qui se déforme trop et perd son étanchéité. Serrer progressivement, tester, resserrer d’un quart de tour si nécessaire.
- Pas d’essai pression : fermer une cloison ou une dalle sans épreuve de pression expose à des fuites différées coûteuses. Toujours tester à 10 bars pendant une heure avant fermeture.
- Mélanger des systèmes incompatibles : utiliser une mâchoire de pince d’une marque avec des raccords d’une autre marque entraîne une déformation incorrecte et des fuites. Respecter strictement les compatibilités certifiées par les fabricants.
Mini-FAQ
Peut-on raccorder cuivre et PER sans soudure ?
Oui, les raccords à compression (olive bicône) et les raccords à sertir mixtes permettent de relier cuivre et PER sans aucune soudure. Le raccord à compression nécessite uniquement des clés plates, tandis que le raccord à sertir demande une pince équipée de la mâchoire adaptée.
L’insert PER est-il vraiment obligatoire ?
Oui, l’insert rigide (laiton ou inox) est absolument indispensable côté PER. Sans insert, le tube souple s’écrase sous la pression de l’olive ou de la douille, réduisant la section de passage et compromettant l’étanchéité. Tous les fabricants imposent l’insert dans leurs notices de pose.
Où mettre le PTFE ou la filasse ?
Uniquement sur les raccords filetés (mâle-femelle), jamais sur les olives de compression ni sur les zones de sertissage. L’étanchéité des olives et des sertissages repose sur la déformation mécanique du métal, et tout produit interposé empêche cette déformation.
Quel diamètre de PER choisir pour raccorder un cuivre existant ?
Pour un cuivre de 12 ou 14 mm, utiliser du PER Ø16×1,5 mm. Pour un cuivre de 16 mm, préférer du PER Ø20×1,9 mm si le débit et la longueur de la ligne le justifient. Adapter le diamètre en fonction de l’usage (lavabo, douche, montée collective) et des pertes de charge.
Peut-on encastrer un raccord cuivre-PER ?
Les raccords à sertir peuvent être encastrés après épreuve de pression réussie, de préférence dans une gaine et avec repérage précis. Les raccords à compression doivent impérativement rester accessibles via une trappe de visite ou une gaine ouverte, car ils nécessitent parfois un resserrage ultérieur.
