Raccord cuivre sans soudure : guide complet des solutions sans flamme

Réparer une fuite en urgence, prolonger un réseau sanitaire ou intervenir sur chantier sensible au feu : trois situations qui exigent d’abandonner le chalumeau. Trois technologies de raccord cuivre sans soudure répondent à ces besoins : la compression (bicône/olive) pour l’économie et la simplicité, le push-fit pour la vitesse maximale, le sertissage pour les installations professionnelles et encastrées. La clé du succès reste identique : une coupe à 90°, un ébavurage soigné et le respect du DTU 60.1 qui encadre les règles de l’art en plomberie.
Raccord cuivre sans soudure : les 3 options qui marchent
Le raccord à compression (bicône ou olive) utilise un écrou qui comprime une bague conique contre le tube. Deux clés plates suffisent pour le serrage. Économique et démontable, il convient aux installations apparentes, aux réparations visibles et aux circuits de chauffage ou d’eau sanitaire jusqu’à 10 bars et 110°C. Sa limite : l’encombrement des écrous rend difficile l’encastrement, et le couple de serrage doit rester modéré pour éviter d’écraser l’olive.
Le raccord push-fit (à clipser) repose sur un joint torique et des griffes internes qui retiennent le tube. Aucun outillage : on insère le cuivre jusqu’au repère visible ou au contact de butée. Ultra-rapide, entièrement démontable via un clip ou bague externe, il excelle en dépannage et modification de réseau. Compatible eau froide, chaude et chauffage (pression et température selon fabricant), il demande une coupe parfaitement droite et un ébavurage total pour ne pas endommager le joint.
Le raccord à sertir cuivre emploie une pince hydraulique ou électrique qui déforme un manchon autour du tube selon un profil précis (M, V, U, TH). Conforme à la norme NF EN 1254-7 pour les raccords à sertir en alliage de cuivre destinés aux tubes métalliques, il garantit une étanchéité permanente sans risque de desserrage. Rapide à mettre en œuvre pour un professionnel équipé, il s’impose sur les chantiers neufs et les réseaux encastrés où la fiabilité long terme et l’absence de maintenance priment. Chaque système de sertissage (marque de pince + profil de raccord) forme un ensemble certifié : mélanger les composants annule la garantie.
Compression (bicône) : pose pas à pas et erreurs à éviter
Coupez le tube à la scie à métaux ou au coupe-tube à molette, en veillant à obtenir une tranche perpendiculaire. Un angle de coupe décalé provoque une fuite immédiate. Passez l’ébavureur conique à l’intérieur pour retirer les copeaux, puis un papier abrasif fin à l’extérieur pour éliminer les bavures qui rayeraient l’olive.
Enfilez l’écrou sur le tube, bague filetée vers le raccord, puis glissez l’olive (bicône) en orientant le petit diamètre vers l’écrou. Insérez le tube dans le corps de raccord jusqu’en butée. Vissez l’écrou à la main jusqu’à sentir une résistance. Bloquez le corps du raccord avec une première clé plate, puis serrez l’écrou d’un quart à un demi-tour avec une seconde clé. Ne forcez pas : l’olive doit se déformer progressivement contre le tube et le siège du raccord. Un serrage excessif écrase le bicône et compromet l’étanchéité.
L’erreur classique consiste à oublier l’ébavurage : les copeaux résiduels entaillent l’olive et créent des micro-canaux de fuite. Autre piège : inverser le sens de l’olive ou tenter de serrer sans maintenir le corps du raccord, ce qui fait tourner toute l’installation.
Push-fit cuivre : raccord à clipser, ultra-rapide et démontable
Après coupe et ébavurage rigoureux, tracez un repère au feutre sur le tube à la distance d’emboîtement indiquée (généralement 15 à 28 mm selon le diamètre). Enfoncez le tube d’un geste ferme jusqu’à ce que le repère disparaisse dans le corps du raccord ou que vous sentiez la butée interne. Les griffes s’enclenchent automatiquement.
Testez la tenue en tirant légèrement sur le tube : il ne doit pas ressortir. Ouvrez l’eau progressivement et contrôlez l’absence de suintement. Si une goutte apparaît, le tube n’est pas inséré à fond ou présente une bavure résiduelle qui pince le joint torique.
Pour démonter, repérez la bague ou le clip de démontage (selon modèle) : poussez-le vers le corps du raccord tout en tirant le tube. Certains systèmes nécessitent un outil spécifique en plastique fourni par le fabricant. La réutilisation du même raccord reste possible si le joint n’est pas endommagé, mais inspectez-le visuellement avant remontage.
Raccord à sertir cuivre : solution pro pour l’encastré
Le sertissage exige une pince adaptée au profil du raccord (M, V, U, TH) et au diamètre du tube. Chaque fabricant propose un système complet : raccords + mâchoires de pince + jauge de contrôle. Mélanger les marques expose à un défaut de sertissage invisible qui se révèle des mois plus tard.
Coupez et ébavurez le tube comme pour les autres techniques. Insérez-le dans le raccord jusqu’à la butée marquée par un épaulement interne ou un repère extérieur. Positionnez la mâchoire de la pince sur la zone à sertir, généralement signalée par un marquage en relief. Actionnez la pince hydraulique ou électrique : elle comprime le manchon selon le profil certifié et se déverrouille automatiquement une fois la pression atteinte.
Vérifiez le sertissage avec la jauge fournie : elle doit entrer sans forcer dans les gorges créées, prouvant la conformité dimensionnelle. Un sertissage incomplet (pression insuffisante, mauvaise mâchoire) ne laisse aucune trace visible mais provoquera une fuite sous pression. La norme NF EN 1254-7 impose des essais de tenue mécanique et d’étanchéité aux fabricants de raccords à sertir pour tubes métalliques, garantissant la fiabilité du système.
L’avantage du sertissage : vitesse d’exécution sur grande série (un raccord toutes les 30 secondes) et absence totale de maintenance. L’inconvénient : investissement initial dans la pince (plusieurs centaines d’euros) et impossibilité de démonter sans couper.
Préparer un tube cuivre : coupe, ébavurage, nettoyage
Les trois technologies partagent une exigence absolue : la qualité de préparation du tube conditionne l’étanchéité finale. Une coupe non perpendiculaire empêche le contact uniforme avec le joint ou l’olive. Un copeau résiduel à l’intérieur entaille le joint torique du push-fit ou raye l’olive du bicône. Une bavure externe griffe le manchon à sertir ou le joint d’étanchéité.
Utilisez un coupe-tube à molette pour obtenir une coupe droite et propre, ou une scie à métaux avec une boîte à onglets qui guide la lame. Après coupe, passez l’ébavureur conique à l’intérieur jusqu’à retrouver un bord lisse. À l’extérieur, ébavurez avec du papier abrasif grain 240 ou une toile émeri en effectuant un mouvement circulaire. Nettoyez le tube avec un chiffon sec pour éliminer poussières et résidus de coupe.
Sur un tube oxydé ou ancien, décapez la surface externe sur la longueur d’emboîtement avec une laine d’acier fine ou une brosse métallique. Le cuivre doit apparaître brillant et propre : les oxydes empêchent le bon serrage de l’olive et réduisent l’adhérence des joints.
Où utiliser : apparent vs encastré (DTU 60.1, accès & maintenance)
Le DTU 60.1, document technique unifié qui fixe les règles de l’art en plomberie sanitaire, distingue clairement les installations apparentes des encastrées. En apparent (sous évier, en vide sanitaire, le long d’un mur), les raccords à compression et push-fit sont autorisés car accessibles pour contrôle et maintenance. Leur démontabilité devient un atout lors d’une modification de réseau.
En encastré (dans chape, derrière doublage, sous carrelage), le DTU 60.1 impose des exigences renforcées : privilégier les systèmes dont la durabilité et l’étanchéité ont été validées par un Avis Technique ou une certification. Le sertissage, avec sa déformation permanente et ses essais selon NF EN 1254-7, répond à cette exigence. Certains fabricants de push-fit proposent également des systèmes certifiés pour l’encastrement, à condition de respecter les consignes de pose (profondeur d’insertion, absence de contrainte mécanique sur le raccord).
Quel que soit le système encastré, prévoyez une trappe de visite au droit des raccords : elle permet un contrôle visuel en cas de suspicion de fuite et facilite les interventions futures. Encastrer un raccord démontable sans accès revient à annuler son principal avantage.
Les raccords à compression (bicônes) sont déconseillés en encastré : le serrage initial peut évoluer sous l’effet des cycles thermiques (dilatation/contraction), nécessitant un re-serrage périodique impossible sous chape.
Contrôle d’étanchéité : mise en pression et re-serrage
Quel que soit le type de raccord, testez l’étanchéité avant mise en service définitive. Fermez l’alimentation générale, ouvrez un robinet en aval pour purger l’air, puis rétablissez l’eau progressivement. Montez en pression par paliers (50 % puis 100 % de la pression de service) en observant chaque raccord.
Un suintement immédiat sur un bicône signale un serrage insuffisant ou une olive mal positionnée. Resserrez d’un huitième de tour maximum en maintenant le corps du raccord. Si la fuite persiste, démontez, inspectez l’olive (rayures, déformation asymétrique) et remplacez-la si nécessaire. Vérifiez également la planéité de la coupe du tube.
Sur un push-fit, une goutte à la jonction tube/raccord indique une insertion incomplète ou un joint endommagé par une bavure. Démontez, contrôlez le joint torique (fissures, coupures), nettoyez la zone d’emboîtement et remontez. Si le problème persiste, remplacez le raccord.
Un sertissage qui fuit révèle un défaut de mise en œuvre : mauvaise mâchoire, pression insuffisante, ou mélange de composants incompatibles. Impossible de corriger : coupez et recommencez avec un nouveau raccord et les bons paramètres.
Laissez l’installation sous pression 24 heures avant fermeture définitive des gaines ou coulage de la chape. Les micro-fuites se manifestent parfois après stabilisation thermique du réseau.
Comparer les raccords cuivre sans soudure
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| Solution | Démontable | Outils requis | Usages conseillés |
|---|---|---|---|
| Compression (bicône) | Oui, illimité | 2 clés plates | Apparent, chauffage, sanitaire, réparation économique |
| Push-fit | Oui, avec clip/outil | Aucun (coupe-tube à part) | Dépannage rapide, modification, apparent certifié encastré selon système |
| Sertissage | Non, permanent | Pince hydraulique/électrique + mâchoires | Chantier neuf, encastré, grande série, installation pro |
Points communs impératifs : coupe à 90°, ébavurage intérieur et extérieur, nettoyage, respect profondeur d’emboîtement, test sous pression.
Le raccord à compression reste la référence pour les artisans polyvalents : coût modéré (quelques euros par raccord), outillage universel (clés plates), réutilisation possible après démontage. Il équipe installations apparentes, radiateurs, ballons d’eau chaude, extensions sanitaires.
Le push-fit convient aux plombiers pressés et aux particuliers en auto-rénovation : gain de temps considérable (pas de serrage, pas de réglage), démontage sans outil de coupe, modification de réseau simplifiée. Son coût supérieur (deux à trois fois celui du bicône) se justifie par la rapidité d’intervention.
Le sertissage s’impose chez les professionnels du neuf et de la rénovation lourde : rentabilité sur volume (un immeuble entier), fiabilité maximale, conformité encastrement. L’investissement dans la pince (500 à 2000 euros selon technologie) s’amortit dès quelques chantiers.
En résumé, choisissez la compression pour maîtriser les coûts en apparent, le push-fit pour gagner du temps en dépannage, le sertissage pour sécuriser les réseaux encastrés. Dans tous les cas, respectez le DTU 60.1, utilisez des raccords certifiés NF ou bénéficiant d’un Avis Technique, et préparez le tube avec soin : ces précautions éliminent 90 % des fuites.
