Contacteur jour/nuit chauffe-eau : guide complet câblage et réglages

Le contacteur jour/nuit (ou contacteur heures creuses) pilote automatiquement le chauffe-eau électrique pour qu’il chauffe uniquement pendant les heures creuses, période où le tarif de l’électricité est réduit. Le compteur Linky envoie un signal via les bornes C1 et C2 qui commande la bobine du contacteur (protégée par un disjoncteur 2 A), tandis que le chauffe-eau se raccorde sur un circuit dédié protégé par un disjoncteur 20 A maximum et un interrupteur différentiel 30 mA. Le sélecteur du contacteur offre trois positions : Auto (pilotage automatique par le signal tarifaire), I (marche forcée pour chauffer immédiatement) et 0 (arrêt complet).
Contacteur jour/nuit : principe et intérêt pour le chauffe-eau
Pilotage automatique en heures creuses
Le contacteur jour/nuit automatise la mise en marche du chauffe-eau électrique pendant les heures creuses définies dans le contrat de fourniture d’électricité. Ces plages horaires, généralement situées la nuit ou en milieu de journée selon les zones, offrent un tarif kilowattheure réduit de 25 à 30 % par rapport aux heures pleines. Le contacteur ferme le circuit électrique du chauffe-eau uniquement pendant ces périodes, sans intervention manuelle.
Fonctionnement du signal tarifaire
Le compteur Linky (ou l’ancien compteur électronique) envoie un signal de commande via deux bornes dédiées (C1 et C2 pour Linky, ou contacts secs I1 et I2 sur anciens compteurs). Ce signal active la bobine du contacteur qui ferme ses contacts de puissance et alimente le chauffe-eau. Lorsque les heures creuses se terminent, le signal s’arrête, la bobine se désactive et le contacteur coupe l’alimentation du chauffe-eau.
Économies réalisées avec un contrat heures creuses
Un chauffe-eau de 200 litres consomme environ 2000 à 3000 kWh par an selon l’usage et l’isolation de la cuve. Avec un tarif heures creuses inférieur de 30 % au tarif de base, l’économie annuelle atteint 100 à 150 euros pour un foyer standard. Le surcoût de l’abonnement heures creuses (environ 20 à 30 euros par an) reste largement compensé si le chauffe-eau fonctionne exclusivement pendant ces plages et si d’autres usages (lave-linge, lave-vaisselle, recharge véhicule électrique) se décalent également en heures creuses.
Conditions de rentabilité
Le contacteur jour/nuit devient rentable dès que la consommation en heures creuses dépasse 40 à 50 % de la consommation totale. Pour un foyer équipé d’un chauffe-eau électrique, d’un chauffage électrique d’appoint ou d’une borne de recharge, l’option heures creuses s’impose. À l’inverse, un logement chauffé au gaz avec peu d’usages électriques énergivores gagne à rester sur un tarif de base sans contacteur.
Schéma de câblage clair : puissance 20 A et commande 2 A séparées
Circuit de puissance du chauffe-eau
Le chauffe-eau se raccorde sur un circuit électrique dédié protégé par un disjoncteur divisionnaire de 20 A maximum (2 A, 10 A, 16 A ou 20 A selon la puissance du chauffe-eau). Les câbles reliant le disjoncteur au chauffe-eau présentent une section de 2,5 mm² en cuivre (ou 4 mm² en aluminium, rare en logement). Ce circuit transite par le contacteur jour/nuit, dont les bornes de puissance (généralement notées 1-2 et 3-4) s’insèrent entre le disjoncteur 20 A et le chauffe-eau.
Circuit de commande de la bobine
La bobine du contacteur (l’électroaimant qui ferme les contacts de puissance) se raccorde au compteur via les bornes C1 et C2 du Linky. Cette liaison utilise des câbles de 1,5 mm² en cuivre et se protège par un disjoncteur divisionnaire de 2 A maximum. Le circuit de commande reste sous tension en permanence pour que le signal tarifaire puisse activer le contacteur à tout moment.
Protection différentielle 30 mA obligatoire
La norme NF C 15-100 impose qu’un interrupteur différentiel 30 mA protège tous les circuits du logement, y compris le chauffe-eau et sa commande. Les disjoncteurs 20 A (puissance chauffe-eau) et 2 A (commande bobine) se placent en aval d’un même interrupteur différentiel 30 mA, ou de deux différentiels distincts selon la répartition des circuits dans le tableau électrique.
Schéma de principe simplifié
Tableau électrique : interrupteur différentiel 30 mA → disjoncteur 2 A (commande) et disjoncteur 20 A (puissance). Du disjoncteur 2 A partent deux fils vers les bornes A1 et A2 de la bobine du contacteur. Les bornes C1 et C2 du Linky se raccordent en parallèle sur ce même circuit de commande. Du disjoncteur 20 A partent phase et neutre vers les bornes d’entrée du contacteur (1 et 3), les bornes de sortie (2 et 4) alimentent le chauffe-eau. Le sélecteur du contacteur se positionne sur Auto.
Compteur Linky : raccorder C1/C2 et passer en mode Auto
Bornes C1 et C2 du compteur Linky
Le compteur Linky dispose de deux bornes C1 et C2 situées sous le capot inférieur, accessibles après déplombage par un électricien ou le gestionnaire de réseau. Ces bornes délivrent un signal de commande lorsque le compteur détecte une période d’heures creuses selon le contrat souscrit. La tension délivrée est de 230 V en présence de signal, 0 V en dehors des heures creuses.
Raccordement des fils de commande
Deux fils de 1,5 mm² relient les bornes C1 et C2 du Linky aux bornes A1 et A2 de la bobine du contacteur, en transitant par le disjoncteur 2 A du tableau électrique. Le sens de raccordement C1/C2 n’a pas d’importance (pas de polarité à respecter). En revanche, vérifier que le disjoncteur 2 A reste bien ouvert (armé) en permanence pour que le signal puisse parvenir au contacteur.
Activation du signal tarifaire dans le contrat
Le signal C1/C2 ne fonctionne que si le contrat de fourniture d’électricité comporte l’option heures creuses. Lors de la souscription ou du changement de contrat, le fournisseur transmet l’information à Enedis qui configure le compteur Linky pour activer le signal. Cette activation peut prendre quelques jours. En cas de doute, consulter l’écran du Linky qui affiche l’index heures creuses et l’index heures pleines si l’option est activée.
Erreurs fréquentes de raccordement
Raccorder les fils C1/C2 directement sur les bornes de puissance du contacteur (au lieu de la bobine A1/A2) empêche le fonctionnement. Oublier le disjoncteur 2 A sur le circuit de commande contrevient à la norme et expose la bobine. Confondre les bornes d’entrée et de sortie du contacteur (puissance) inverse le circuit et empêche l’alimentation du chauffe-eau.
Modes du contacteur : Auto, marche forcée (I) et arrêt (0)
Position Auto : pilotage automatique par le signal tarifaire
Le sélecteur en position Auto (ou A) confie le pilotage du chauffe-eau au signal envoyé par le compteur via C1/C2. Le contacteur se ferme automatiquement pendant les heures creuses et s’ouvre pendant les heures pleines. Cette position garantit le fonctionnement économique du chauffe-eau sans intervention manuelle. Le témoin lumineux du contacteur s’allume lorsque la bobine est activée (heures creuses en cours).
Position I : marche forcée (ou ON)
Le sélecteur en position I (ou ON, ou marche forcée) ferme les contacts du contacteur en permanence, indépendamment du signal tarifaire. Le chauffe-eau fonctionne immédiatement et reste sous tension jusqu’à ce que le sélecteur soit repositionné. Cette fonction sert à chauffer l’eau rapidement après une consommation exceptionnelle (invités, bain prolongé) ou lors d’un dysfonctionnement temporaire du signal heures creuses. Le chauffe-eau consomme alors en heures pleines, au tarif plein.
Position 0 : arrêt complet (ou OFF)
Le sélecteur en position 0 (ou OFF) maintient le contacteur ouvert en permanence. Le chauffe-eau ne reçoit aucune alimentation électrique, même pendant les heures creuses. Cette position sert lors d’une absence prolongée (vacances, logement secondaire inoccupé), pour une maintenance du chauffe-eau ou en cas de fuite nécessitant une coupure immédiate.
Retour en Auto après marche forcée : bonne pratique essentielle
Après avoir activé la marche forcée (position I) pour un besoin ponctuel, ne pas oublier de rebasculer le sélecteur en position Auto dès que l’eau est chaude. Laisser le contacteur en marche forcée fait fonctionner le chauffe-eau en permanence, y compris en heures pleines, annulant tout bénéfice tarifaire. Placer un rappel visuel (étiquette, post-it) sur le tableau électrique limite cet oubli fréquent.
Protections et normes : que dit la NF C 15-100 pour un chauffe-eau
Circuit dédié obligatoire
La norme NF C 15-100 impose un circuit spécialisé pour le chauffe-eau électrique, distinct des autres circuits de prises et d’éclairage. Ce circuit se compose d’un disjoncteur divisionnaire dédié (calibre adapté à la puissance du chauffe-eau, maximum 20 A) et de câbles de section minimale 2,5 mm² en cuivre. Aucun autre appareil ne doit se raccorder sur ce circuit.
Calibre du disjoncteur de puissance
Un chauffe-eau de 50 à 100 litres nécessite un disjoncteur de 10 A, un modèle de 150 à 200 litres un disjoncteur de 16 A ou 20 A, un chauffe-eau de 300 litres un disjoncteur de 20 A. Le calibre se détermine en fonction de la puissance de la résistance (généralement 1500 à 3000 W) et doit rester inférieur ou égal à 20 A pour respecter la norme en logement individuel.
Protection différentielle 30 mA en amont
Le circuit du chauffe-eau (puissance) et le circuit de commande du contacteur (bobine) se placent en aval d’un ou plusieurs interrupteurs différentiels 30 mA. Cette protection détecte les fuites de courant vers la terre (défaut d’isolement du chauffe-eau, fuite sur la bobine) et coupe l’alimentation pour protéger les personnes contre l’électrocution.
Calibre du disjoncteur de commande
Le circuit alimentant la bobine du contacteur se protège par un disjoncteur divisionnaire de 2 A maximum. Ce faible calibre suffit car la bobine consomme très peu (quelques watts). Un calibre supérieur (10 A, 16 A) exposerait la bobine à des surintensités prolongées et compromettrait la sélectivité des protections.
Sections de câbles normalisées
Le circuit de puissance du chauffe-eau utilise du câble 3G2,5 mm² (3 conducteurs : phase, neutre, terre de 2,5 mm² chacun). Le circuit de commande de la bobine utilise du câble 3G1,5 mm² (conducteurs de 1,5 mm²). Respecter ces sections garantit que les câbles supportent le courant sans échauffement excessif et que la protection différentielle fonctionne correctement.
Dépannage : pas d’eau chaude en heures creuses, que vérifier
Vérifier le sélecteur du contacteur
S’assurer que le sélecteur se trouve bien en position Auto. Un sélecteur laissé en position 0 (arrêt) ou oublié en position I (marche forcée) après un besoin ponctuel empêche le fonctionnement automatique. Repositionner sur Auto et attendre la prochaine période d’heures creuses pour vérifier le bon déclenchement.
Contrôler les disjoncteurs 2 A et 20 A
Vérifier au tableau électrique que le disjoncteur 2 A (commande bobine) et le disjoncteur 20 A (puissance chauffe-eau) sont bien armés (leviers en position haute). Un disjoncteur déclenché coupe l’alimentation du circuit correspondant. Réarmer les disjoncteurs et surveiller s’ils restent armés. Un déclenchement immédiat signale un court-circuit ou un défaut d’isolement nécessitant l’intervention d’un électricien.
Tester le raccordement C1/C2 et le signal Linky
Vérifier que les fils reliant C1/C2 du Linky au contacteur sont bien serrés dans les bornes. Un mauvais contact empêche la transmission du signal. Contrôler sur l’écran du Linky que l’option heures creuses est bien activée (présence d’un index HC et d’un index HP). Si l’option n’apparaît pas, contacter le fournisseur d’électricité pour vérifier le contrat et demander l’activation du signal tarifaire.
Forcer le contacteur pour tester le circuit de puissance
Basculer le sélecteur en position I (marche forcée). Si le chauffe-eau se met à chauffer immédiatement, le circuit de puissance (disjoncteur 20 A, câblage, chauffe-eau) fonctionne correctement. Le problème provient alors du circuit de commande (signal C1/C2, bobine, disjoncteur 2 A). Si le chauffe-eau ne chauffe pas même en marche forcée, le problème se situe sur le circuit de puissance ou sur le chauffe-eau lui-même.
Vérifier le contacteur lui-même
Écouter le contacteur lors du passage en heures creuses (généralement un clic audible lorsque la bobine se ferme). Absence de clic : la bobine ne reçoit pas le signal ou est défectueuse. Remplacer le contacteur si aucune autre cause n’est identifiée. Vérifier également que les bornes de puissance du contacteur sont bien serrées et que les contacts ne présentent pas de traces de brûlure (points noirs, déformation).
Cas du thermostat de sécurité du chauffe-eau déclenché
Si le chauffe-eau ne chauffe plus même en marche forcée, le thermostat de sécurité s’est peut-être déclenché suite à une surchauffe. Couper l’alimentation électrique, retirer le capot du chauffe-eau, localiser le bouton de réarmement du thermostat (généralement rouge) et appuyer dessus. Remettre sous tension et vérifier le fonctionnement. Si le thermostat se déclenche à nouveau rapidement, faire contrôler le chauffe-eau par un professionnel.
Tableau : modes du contacteur et usages pratiques
Astuce mobile : passez l’écran à l’horizontal pour mieux voir le tableau.
| Mode | Quand l’utiliser | Effet sur le chauffe-eau | Remarque |
|---|---|---|---|
| Auto (A) | Fonctionnement normal quotidien | Chauffe uniquement en heures creuses | Position recommandée, pilotage automatique par Linky |
| Marche forcée (I/ON) | Besoin ponctuel d’eau chaude supplémentaire | Chauffe immédiatement, même en heures pleines | Penser à repasser en Auto après utilisation |
| Arrêt (0/OFF) | Absence prolongée, maintenance, fuite | Aucune alimentation du chauffe-eau | Couper également l’arrivée d’eau froide si absence longue |
| Test diagnostic | Dépannage : vérifier circuit puissance | Permet d’isoler problème commande vs puissance | Forcer en I, si ça chauffe → problème sur signal C1/C2 |
