Puits perdu : guide complet réglementation et installation

Un puits perdu (également orthographié puit perdu) infiltre les eaux pluviales dans le sol grâce à un ouvrage rempli de matériaux drainants. Son usage est strictement encadré : autorisé pour les eaux de pluie selon le contexte local, mais interdit pour les eaux usées depuis l’Arrêté du 7 septembre 2009. Ce guide détaille la réglementation, les distances à respecter, le dimensionnement et les coûts.
Puits perdu : est-ce autorisé en France ? (règles ANC & eaux pluviales)
Interdiction pour les eaux usées
L’Arrêté du 7 septembre 2009 relatif à l’assainissement non collectif interdit explicitement le puits perdu pour évacuer les eaux usées domestiques (article 13). Cette interdiction vise à protéger les nappes phréatiques et les sols de la contamination bactériologique. Les eaux usées doivent être traitées par une filière d’assainissement conforme (fosse toutes eaux suivie d’un système de traitement agréé).
Autorisation pour les eaux pluviales sous conditions
Le puits perdu reste autorisé pour infiltrer les eaux de pluie (toitures, cours, allées) si le terrain présente une perméabilité suffisante et si les règles locales le permettent. Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et le zonage pluvial de la commune fixent les obligations et interdictions. Certaines zones à risque d’inondation, sols pollués ou nappes sensibles interdisent toute infiltration.
Vérifier auprès du SPANC et de la mairie
Avant d’installer un puits perdu, contacter le Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC) et consulter le règlement d’assainissement pluvial de la commune. Ces organismes indiquent les zones où l’infiltration est autorisée, les distances minimales à respecter et les études de sol éventuellement obligatoires.
Distances et implantation : maison, arbres, nappe, limites
Distance au bâtiment
La bonne pratique recommande d’implanter le puits perdu à au moins 5 mètres des fondations de la maison ou de tout bâtiment. Cette distance limite les risques d’infiltration sous les fondations, de désordres structurels (tassements, humidité) et de remontées capillaires dans les murs.
Distance aux arbres et végétation
Un minimum de 3 mètres sépare le puits perdu des arbres pour éviter que les racines ne colonisent l’ouvrage et ne provoquent un colmatage. Les racines recherchent l’humidité et pénètrent dans les matériaux drainants, réduisant progressivement la capacité d’infiltration.
Distance au toit de la nappe phréatique
Le fond du puits perdu doit se situer à au moins 2 mètres au-dessus du niveau le plus haut de la nappe phréatique. Cette garde hydraulique garantit que l’eau infiltrée peut se disperser dans le sol non saturé avant d’atteindre la nappe. Un puits perdu trop proche de la nappe déborde lors des épisodes pluvieux et peut contaminer la ressource souterraine.
Distance aux limites séparatives et réseaux
Respecter une distance minimale de 3 mètres par rapport aux limites de propriété évite les conflits de voisinage et les infiltrations vers le terrain adjacent. Les réseaux enterrés (eau potable, gaz, électricité, assainissement) doivent être repérés avant tout terrassement. Le puits perdu s’implante à distance de ces ouvrages pour prévenir les risques de fuite ou de contamination croisée.
Sols déconseillés
Les sols argileux, compacts ou déjà saturés d’eau ne conviennent pas à un puits perdu. L’argile présente une très faible perméabilité et provoque des débordements. Les zones inondables, les anciens remblais et les sols pollués interdisent également l’infiltration.
Test de perméabilité (Porchet) : la méthode simple avant travaux
Principe du test Porchet
Le test de perméabilité Porchet mesure la vitesse d’infiltration de l’eau dans le sol en conditions contrôlées. Un trou cylindrique de 30 à 50 cm de diamètre et 50 à 100 cm de profondeur est creusé à l’emplacement prévu du puits perdu. Le trou est rempli d’eau et on mesure la baisse du niveau en fonction du temps.
Protocole simplifié
Creuser le trou à la profondeur prévue pour le fond du puits perdu. Saturer le sol en maintenant le trou rempli d’eau pendant 4 heures (pré-saturation). Vider le trou puis le remplir à nouveau et mesurer la baisse de niveau toutes les 10 minutes pendant 1 heure. Calculer le coefficient de perméabilité K en mètres par seconde ou millimètres par heure.
Interprétation des résultats
Un sol avec K supérieur à 30 mm/h convient bien à l’infiltration. Entre 10 et 30 mm/h, l’infiltration reste possible mais nécessite un dimensionnement généreux. En dessous de 10 mm/h, le puits perdu risque de déborder rapidement et d’autres solutions (tranchées drainantes, noues) doivent être envisagées. Un sol totalement imperméable (K inférieur à 1 mm/h) interdit le puits perdu.
Quand faire appel à un bureau d’études
Pour les projets importants (surfaces de collecte supérieures à 200 m², installations collectives, zones sensibles), un bureau d’études géotechniques réalise des essais de perméabilité normalisés et dimensionne l’ouvrage selon les règles de l’art. Le SPANC peut également imposer une étude professionnelle.
Dimensionner un puits perdu : volume d’infiltration & surface active
Variables du dimensionnement
Le dimensionnement d’un puits perdu dépend de la surface de collecte (toiture, cour), de l’intensité des pluies de référence (pluie décennale ou vingtennale selon le contexte), du coefficient de perméabilité K du sol et du temps de vidange souhaité (généralement 24 à 48 heures).
Calcul du volume utile
Le volume utile du puits perdu (en mètres cubes) doit stocker temporairement l’eau de pluie avant son infiltration. Une formule simplifiée pour une pluie de référence de 50 mm sur une surface de 100 m² donne : Volume = (Surface × Hauteur de pluie) / 1000 = (100 × 0,05) = 5 m³. Ce volume est ensuite ajusté selon la perméabilité du sol et le débit d’infiltration latérale.
Surface active d’infiltration
L’eau s’infiltre par le fond et les parois latérales du puits perdu. Plus la surface de contact avec le sol naturel est grande, plus l’infiltration est rapide. Un puits perdu cylindrique de 2 mètres de diamètre et 2 mètres de profondeur offre environ 15 m² de surface active (fond + parois). Les calculs détaillés prennent en compte le coefficient de perméabilité K et le gradient hydraulique.
Limites et débordements
Un puits perdu sous-dimensionné déborde lors des épisodes pluvieux intenses. Un trop-plein de sécurité doit être prévu pour évacuer l’excédent vers un exutoire (fossé, réseau pluvial, noue) sans causer de désordres. Les systèmes de gestion à la source (toitures végétalisées, cuves de récupération) réduisent les volumes à infiltrer.
Étapes de réalisation : du terrassement à la remise en état
Terrassement et préparation
Creuser une fosse cylindrique ou rectangulaire aux dimensions calculées, en respectant les distances réglementaires. Le fond doit être horizontal et décompacté sur 20 à 30 cm pour améliorer l’infiltration. Les parois sont taillées proprement pour maximiser la surface de contact.
Mise en place du géotextile
Tapisser le fond et les parois de la fosse avec un géotextile filtrant (150 à 200 g/m²). Ce textile laisse passer l’eau tout en retenant les fines particules qui colmateraient les matériaux drainants. Prévoir un recouvrement de 30 cm entre les lés et remonter le géotextile de 20 cm au-dessus du niveau supérieur des matériaux.
Remplissage en matériaux drainants
Remplir la fosse de graviers concassés (20/40 mm ou 40/80 mm) lavés et non gélifs. Les graviers créent un volume de vides (porosité de 30 à 40 %) où l’eau s’accumule temporairement avant de s’infiltrer. Les galets roulés, moins poreux, conviennent moins bien. L’épaisseur minimale de matériaux drainants atteint 1 mètre.
Canalisation d’amenée et regard de visite
Raccorder la descente de gouttière ou le réseau de collecte à une canalisation PVC de 100 ou 125 mm qui se déverse dans le puits perdu. Installer un regard de visite en amont pour inspecter et nettoyer le réseau. La canalisation d’amenée doit présenter une pente minimale de 1 % pour éviter les stagnations.
Trop-plein de sécurité
Installer un trop-plein à 20 cm sous le niveau final du terrain, raccordé à un exutoire admissible (fossé, caniveau, réseau pluvial). Ce dispositif évite les débordements en surface lors des pluies exceptionnelles ou en cas de colmatage progressif du puits perdu.
Remblaiement et finition
Rabattre le géotextile sur les graviers puis recouvrir de 20 à 30 cm de terre végétale ou de remblai compacté. Aménager une légère pente en surface pour éloigner les eaux de ruissellement du puits perdu. Végétaliser la zone pour stabiliser le sol et améliorer l’évapotranspiration.
Entretien & pannes : colmatage, boues, racines, odeurs
Signes d’engorgement
Un puits perdu qui déborde en surface, une stagnation prolongée de l’eau dans le regard de visite ou des odeurs de terre humide persistantes signalent un dysfonctionnement. Le colmatage progressif réduit la perméabilité et nécessite un entretien.
Inspection du regard et de la canalisation
Contrôler le regard de visite au moins une fois par an, idéalement avant la saison des pluies. Retirer les feuilles, sédiments et débris accumulés. Nettoyer la canalisation d’amenée avec un jet haute pression pour éliminer les dépôts graisseux ou terreux.
Colmatage du géotextile et des graviers
Les fines particules (sables, limons, boues) colmatent progressivement le géotextile et les vides entre les graviers. Ce phénomène est inévitable sur le long terme. La durée de vie d’un puits perdu varie de 10 à 30 ans selon la charge en matières en suspension dans les eaux collectées et la qualité du géotextile.
Intrusion de racines
Les racines des arbres et arbustes proches colonisent le puits perdu en quelques années. Elles obstruent les graviers et percent parfois le géotextile. Respecter la distance minimale de 3 mètres et surveiller la végétation environnante limite ce risque. L’arrachage mécanique des racines nécessite parfois le curage complet du puits.
Curage et réhabilitation
Lorsque le puits perdu ne remplit plus sa fonction, un curage complet s’impose. Extraire les graviers et le géotextile, décompacter le fond, installer un nouveau géotextile et de nouveaux matériaux drainants. Cette opération équivaut à recréer un ouvrage neuf et coûte aussi cher qu’une installation initiale.
Combien coûte un puits perdu ? budgets selon scénarios
Matériaux pour réalisation DIY
Les graviers concassés coûtent 30 à 60 euros la tonne livrée (compter 2 à 4 tonnes pour un puits perdu de 5 m³). Le géotextile filtrant revient à 2 à 5 euros le mètre carré. Les canalisations PVC, regards de visite et accessoires ajoutent 100 à 200 euros. Un puits perdu DIY réalisable pour 400 à 800 euros selon le volume.
Prestation clé en main par un professionnel
Un artisan ou une entreprise de terrassement facture entre 1000 et 3000 euros pour un puits perdu complet incluant l’étude de sol simplifiée, le terrassement, les matériaux, la pose du géotextile, le raccordement et le trop-plein. Les tarifs varient selon l’accessibilité du chantier, la profondeur de terrassement et le volume de l’ouvrage.
Facteurs de variation du coût
Un puits perdu situé en terrain difficile d’accès (cour intérieure, jardin sans passage d’engins) nécessite un terrassement manuel plus coûteux. La proximité de la nappe ou un sol argileux imposent un dimensionnement surdimensionné ou des solutions alternatives (tranchées drainantes). Les projets incluant plusieurs puits perdus, des réseaux de collecte longs ou des regards de répartition augmentent significativement le budget.
Coût d’entretien et de curage
L’inspection annuelle et le nettoyage du regard coûtent 50 à 100 euros en prestation professionnelle. Le curage complet avec remplacement du géotextile et des graviers atteint 800 à 2000 euros selon le volume et l’accessibilité.
Alternatives si infiltration impossible : tranchée drainante, noue, bassin
Tranchée drainante
Une tranchée drainante remplace le puits perdu lorsque le sol présente une perméabilité moyenne (10 à 30 mm/h). Moins profonde qu’un puits perdu (50 à 80 cm), elle offre une plus grande surface d’infiltration latérale. La tranchée se compose d’un drain perforé entouré de graviers et protégé par un géotextile.
Noue paysagère
La noue est un fossé végétalisé en pente douce qui stocke temporairement les eaux de pluie et les infiltre progressivement. Elle convient aux terrains en pente et aux grands espaces (jardins, parkings). La noue accepte des sols peu perméables car elle étale l’infiltration sur une grande surface et un temps long (plusieurs heures à plusieurs jours).
Bassin d’infiltration
Le bassin d’infiltration creuse une dépression paysagère de faible profondeur (30 à 60 cm) sur une grande emprise (plusieurs dizaines de mètres carrés). L’eau s’infiltre par le fond et s’évapore partiellement. Les bassins conviennent aux projets collectifs (lotissements, parkings) et aux zones où le puits perdu serait trop profond ou trop coûteux.
Récupération et réutilisation
Les cuves de récupération d’eau de pluie (300 à 10000 litres) stockent l’eau pour un usage d’arrosage, de lavage ou de chasse d’eau. Cette solution réduit les volumes à infiltrer et valorise la ressource. Le trop-plein de la cuve se raccorde ensuite à un puits perdu ou au réseau pluvial.
Choix selon les contraintes
Un sol imperméable (K inférieur à 10 mm/h) oriente vers une noue ou un bassin plutôt qu’un puits perdu. Un terrain exigu privilégie le puits perdu compact. Une réglementation locale stricte impose parfois la récupération ou la rétention temporaire avant rejet contrôlé.
Tableau : distances et contraintes d’implantation d’un puits perdu
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| Élément à respecter | Valeur de référence | Pourquoi | Risque si non-respect |
|---|---|---|---|
| Bâtiment (fondations) | ≥ 5 m | Éviter infiltrations sous fondations | Tassements, humidité murs, désordres structurels |
| Arbres, haies | ≥ 3 m | Limiter intrusion racines | Colmatage, obstruction, destruction géotextile |
| Toit de nappe phréatique | ≥ 2 m sous fond puits | Dispersion eau en zone non saturée | Débordement, contamination nappe, inefficacité |
| Limites séparatives | ≥ 3 m | Éviter infiltration vers voisin | Conflits voisinage, dégâts propriété adjacente |
| Réseaux enterrés | ≥ 1 m | Protéger canalisations/câbles | Fuites, casse, contamination croisée |
